
Bien qu’en diminution depuis quelques années, les consommations de substances psychoactives (SPA) chez les jeunes restent à des niveaux très élevés en France comparativement aux autres pays européens. Il a été montré que la consommation de SPA est associée à la santé mentale. Or, depuis la pandémie de COVID-19, de nombreuses études ont montré que la santé des jeunes s’était fortement dégradée avec une augmentation des troubles dépressifs et une prise en charge psychiatrique insuffisante, avec de potentielles inégalités socio-économiques.
De plus, s’est rajoutée la réforme du lycée en 2020, entrainant la perte de notion de classe de la part des lycéens, mais également une plus forte pression scolaire, pouvant également altérer le bien-être et la santé mentale des élèves et leur comportement addictif. Dans ce contexte, l’objectif de l’étude est de prévenir la consommation de SPA en utilisant une méthode développée par l’OMS, dont nous validerons l’efficacité et l’acceptabilité chez les jeunes. Cette méthode consiste en une intervention échelonnée combinant une auto-assistance guidée (DWM pour Doing What Matters in Times of Stress), suivie, si nécessaire, d’une intervention psychosociale individuelle (PM+ pour Problem Management Plus).
Nous espérons que ces interventions contribuent à réduire la détresse psychologique et prévenir la survenue de troubles psychiatriques, et ainsi, les consommations de SPA. L’étude sera réalisée dans des classes de collèges et lycées parisiens volontaires, afin d’obtenir un échantillon de 3000 élèves âgés de 10 à 24 ans.
Deux groupes seront constitués et comparés, un qui recevra l’intervention DWM/PM+ (n=1000) et un qui ne recevra pas cette intervention (n=2000). Un questionnaire initial avant toute intervention, permettra de faire un bilan de l’état de santé des élèves, et des potentielles inégalités sociales et socio-territoriales.
Trois questionnaires supplémentaires seront remplis par l’ensemble des élèves à la fin de chaque intervention (DWM puis PM+). DWM est basée sur l’Acceptance and Commitment Therapy, une forme de thérapie cognitivo-comportementale, qui met l’accent sur l’apprentissage de nouvelles façons d’accommoder ses pensées et ses sentiments sans les laisser dominer l’esprit. DWM est un outil auto-administré à utiliser à partir d’un smartphone ou d’un ordinateur, pendant 5 semaines. PM+ est une intervention psychosociale brève, individuelle, basée sur des techniques de thérapies cognitivo-comportementale. Elle sera dispensée pendant 5 semaines, aux élèves présentant toujours une détresse psychologique après DWM. Elle a l’avantage de pouvoir être mise en place par des intervenants non professionnels de santé mentale. En combinant ces 2 stratégies, le programme vise à résoudre aussi bien les problèmes d’ordre psychologique tels que le stress, la peur, le sentiment d’impuissance, que les problèmes d’ordre pratique, notamment les conflits familiaux et autres. Une étude qualitative sera également réalisée auprès de 40 élèves volontaires (20 collégiens et 20 lycéens) qui auront reçu les 2 interventions, DWM et PM+, afin d’évaluer comment elles ont été ressenties par les élèves, comment ils se les ont appropriées.
Grâce au questionnaire réalisé en début d’étude, nous pourront décrire les facteurs associés aux difficultés psychologiques et aux conduites addictives de jeunes, incluant les déterminants sociaux et familiaux de l’impact du COVID-19 et de la réforme du lycée, afin de déterminer de potentielles inégalités socio-économiques. Les élèves qui ont suivi l’intervention DWM/PM+ devraient avoir une meilleure santé mentale que les contrôles, et donc être moins enclins à consommer des SPA. L’étude permettra de vérifier la modification potentielle de consommation sur le court terme, et la modification de la représentation de cette consommation. Cette méthode est complémentaire du développement de compétences psycho-sociales. Elle donne des outils simples, utilisables à tout moment et tout au long de la vie, permettant la gestion du stress, quelles que soient les raisons ayant abouties à ce stress. Si les résultats sont probants, cette intervention pourrait être développée sur l’ensemble des collèges et lycées français. Elle pourrait ainsi permettre de diminuer les demandes de prises en charge d’un grand nombre d’enfants pour se concentrer sur les cas les plus graves, et permettraient ainsi de désengorger les systèmes de soins spécialisés, dont le nombre fait déjà défaut.
Financement du projet :
Ce projet est financé avec le soutien de l’Institut national du cancer et de l’IRESP (INCa-IReSP_18705).
Personnes de l’équipe ESSMA impliquées:
Murielle MARY-KRAUSE, Thibault LANDES, Héla GHRIBI, Jean-Sébastien CADWALLADER, Angèle CONSOLI.
Principales publications :
Aucune pour le moment. Le projet a démarré en mai 2024.
Collaborations:
Rectorat de Paris, FCPE
Notre équipe est réunie sur un seul site, au 3ème étage de la Faculté de Santé Sorbonne Université, site Saint-Antoine
27 rue de Chaligny
Paris 12°
Tél.: +(33) 01.44.73.84.45
Métro : Faidherbe-Chaligny (8), Reuilly Diderot (1)
Bus : 46 – 86
Vélib : Station 1108, 223 rue du Faubourg Saint-Antoine